mardi 18 octobre 2016

Moorea

Je prends maintenant un bateau pour faire la traversée jusqu'à Moorea. La petite demie-heure de trajet est magnifique, je vois pour la première fois des poissons volants, je pensais que ça n'existait que dans "Alice au Pays des Merveilles" ou "Peter Pan", mais ils sont biens réels et ils volent vraiment c'est étonnant à voir.


A mon arrivée au débarcadère je négocie avec un chauffeur de mini-bus pour qu'il me dépose à l'endroit où je vais rester ces prochains jours. Initialement il véhicule des couples en voyage de noce qui se font amener dans leur hôtel cinq étoiles. Le chauffeur nous fait la pub de ses prestations mais le problème c'est que pour se faire il traite de menteurs et de voleurs ses concurrents. Il en rajoute à fond en nous disant que son bateau est un super catamaran et que les autres ont "limite" des pirogues, il a franchement pété l'ambiance.

Bref, il me dépose chez Amélie et Xavier qui m'attendent. Il s'agit d'un couple de trentenaires français installé ici depuis six mois et qui me loue une chambre dans une maison très mignonne, légèrement sur les hauteurs, sur pilotis, et la vue est extraordinaire : la montagne à gauche, et l'océan et le lagon à droite :


Il me reste tout l'après-midi pour aller profiter d'une plage. Je me fais prêter un vélo pour rejoindre la plage publique la plus proche, celle de Ta'ahiamanu (à vos souhaits), jolie.


J'ai d'ailleurs fait beaucoup de vélo sur Moorea, parfois de bonnes distances mais la route est tellement belle que c'est une vraie détente :



A noter qu'ici beaucoup se baignent avec des chaussures pour éviter de marcher sur un poisson pierre. Si cela devait arriver par malheur il faut se rendre à l'hôpital le plus proche qui ici est à Papeete, sur l'île de Tahiti, donc mieux vaux être prudent, ou ne pas marcher mais nager.

Le lendemain je pars pour la plage de l'hôtel des Tipaniers à presque vingt kilomètres de vélo donc je me suis bien fait les mollets. Cette plage est connue pour faire face à deux motus (prononcer "motou"), des îlots de sable corallien. Ces motus sont généralement des restes d'anciens récifs, résultat de l'enfoncement d'un volcan. En effet, plus le relief volcanique est haut en altitude plus le volcan, et donc l'île, est jeune. Par exemple Hawaï atteint 4'200m et se trouve être la plus jeune île de Polynésie avec environ 300'000 ans. Par contre, l'archipel des Tuamotu vieux de 60 millions d'années ne compte plus aucune île, seulement des atolls (cercle de motus), les volcans se sont enfoncés dans le sol, laissant à la surface un amas de sable corallien. Le ruissellement des eaux de pluie forme ensuite des nappes phréatiques permettant à la végétation de se developper. Les îles s'enfoncent d'environ un centimètre par an, à quoi il faut ajouter la montée du niveau de la mer et l'érosion par l'air. D'autre part, l'archipel se déplace de 6cm par an vers le Japon à cause du mouvement des plaques tectoniques.

Juste avant d'arriver à l'hôtel je fais un stop pour monter en haut d'une colline afin d'avoir une vue sur le lagon. Le chemin monte un peu dans la broussaille...


....pour ensuite offrir une vue dégagée sur le lagon et les fameux motus :


Je vois un peu plus loin que des bateaux sont arrêtés, je pense qu'ils sont en train de nager avec les requins et les raies, c'est un spot connu, c'est justement ce que j'ai prévu de faire en redescendant !


A la plage je me rends à une petite cahute pour louer un kayak. Le Soleil cogne sévèrement !


Je prends la direction des motus pour passer entre eux deux et observer quelques poissons au-dessus du corail. Malheureusement ma petite caméra étanche ne fonctionne plus depuis le jour de mon départ donc je ne peux prendre que des photos depuis la surface.


Je fais le tour d'un des motus, pour ensuite me diriger vers ce spot d'observation des raies et requins. Bien évidemment lorsque j'arrive sur place il n'y a plus personne et je me retrouve tout seul. Bah voilà ! Je distingue une forme grisâtre à quelques mètres :


Pas de doute, je suis bien au bon endroit, je me fais rapidement encercler par 5-6 requins et je commence à distinguer quelques raies au fond de l'eau, en partie recouvertes de sable.



A ce moment là je suis toujours sur mon kayak donc tout va bien, enfin sauf si l'un d'entre eux arrive à monter à bord en Fosbury. Je sais que beaucoup de gens passent ici se baigner et la loueuse de kayak m'a bien tout expliqué pour me rassurer sur le fait que ce n'est pas dangereux. Mais bon quand même, se jeter là-dedans c'est contre nature ! J'aurais rêvé à ce moment là d'avoir un faux pieds que j'aurais plongé dans l'eau pour voir, ce sont des choses qu'on ne pense pas toujours à emmener en vacances. J'attache mon kayak à une bouée qui se trouve là...et je "réfléchis", autrement dit, je joue la montre. Plus je réfléchis plus ça gravite autour de moi, et plus je me dis que je ne peux pas y aller comme ça. Là-dessus un petit zodiac arrive. Un hollandais qui s'attache à la même bouée que moi. On ne se parle pas tout de suite, je vois qu'il se penche au-dessus de son bateau et regarde tout ce petit monde s'activer...en clair, il "réfléchit". Du coup je commence à lui parler comme pour évacuer la pression et il me dit qu'il est venu nager ici hier, mais c'était avec un groupe, maintenant il est plus trop sûr d'avoir le courage. Et pourtant nous savons très bien tous les deux que c'est faisable. On essaye de se galvaniser comme on peut et je finis par lui dire : "Si tu y vas, j'y vais" (oh la lâcheté !), sur quoi il me répond : "Ok ça marche, moi aussi j'y vais si tu y vas"...euh...ça ne marche pas ça. Bon au final on se motive mutuellement, je pense que si on avait été sur le même bateau on se serait mis des claques, et on finit par y aller tous les deux en même temps. Lui a une caméra, j'ai pu récupérer quelques photos.


Ce sont des requins pointe noire et des raies pastenague ou raies grises. D'ailleurs la raie est un poisson de la même famille que le requin, d'où le fait que les deux s'entendent parfaitement bien.


On peut dire tout ce qu'on veut, même si ça n'est pas dangereux, quand trois requins avancent vers vous en même temps ça fait quelque chose. Entre temps un couple nous a rejoint en kayak, et beaucoup plus tard un groupe accompagné d'un spécialiste qui expliquait tout. Les raies, quant à elles, nous montent dessus, elles attendent de la nourriture. Ça n'est pas très agréable au touché, entre un poisson et un serpent.


Je vais quand même donner quelques details sur le fait que ce ne soit pas dangereux avant de passer pour un fou que je ne suis pas. La raie possède un dard sur sa queue qui peut être très dangereux pour celui qui la menace. C'est un poisson qui ne sait pas attaquer, elle ne se sert donc de son dard que pour se défendre, par conséquent, si la raie vient d'elle même c'est qu'il n'y a rien à craindre, au contraire. Pour se faire piquer il faudrait donc commencer à la bousculer ou à lui marcher dessus. Maintenant en ce qui concerne les requins c'est un peu la même chose. Les requins ont des capteurs qui leur permettent de sentir le poisson à des kilomètres. L'homme ne les intéresse pas, ils en ont même peur. D'ailleurs ils ne s'approchent pas autant que les raies, ils viennent voir, puis changent de direction au dernier moment. Il y a eu quelques accidents (mais pas ici), par exemple un pêcheur avait accroché ses prises à sa taille dans un endroit où il avait pieds. Forcément, un requin à voulu attraper le poisson mort et a blessé le pêcheur, qui ne devait pas être très malin. C'est comme se tenir devant un chien avec un gros steak bien saignant dans la main. Il y a des chances pour que le chien embarque une partie de la main en voulant attraper la viande, pourtant ce dernier n'est absolument pas intéressé par l'homme. Lorsque l'on connaît et que l'on comprend tout ça, alors nager au milieu des raies et requins devient possible, il faut s'assurer d'avoir le bon comportement.

Le lendemain je retrouve Floriane, rencontrée à Papeete le premier jour, avec qui je pars en randonnée pour la journée. Nous partons en stop pour rejoindre le "Belvédère" qui sera notre point de départ. Ici le stop marche très bien, les gens sont adorables. Voici la vue au départ de notre randonnée :


Une vue imprenable sur les deux baies de Moorea : la baie de Cook et la baie de d'Opunohu. Assez vite nous retrouvons deux autres français, en voyage autour du Monde pendant un an, nous ferons la suite tous les quatre.




Les vues alternent entre baies, lagon, et sommets, cette île est magnifique, rien à voir avec Tahiti. En montant la végétation commence à devenir très dense.


C'est très compliqué de s'orienter ici. Nous avons un plan, des indications sous forme de texte, les quelques panneaux, et le couple à même les coordonnées GPS de la balade, et pourtant nous devons souvent nous arrêter pour étudier le chemin. Nous finissons par arriver aux "Trois cocotiers" (c'est le nom de notre randonnée). C'est vertigineux mais ça vaut le coup.


En voyant cette photo je me demande pourquoi je transporte un rasoir :


Le but était de faire une sorte de boucle qui nous ramènerait près de la route et ne pas revenir sur nos pas. Nous quittons le couple qui devait revenir au Belvédère. De notre côté on s'arrache les cheveux pour trouver le chemin qui fait la boucle. On a retourné le plan dans tous les sens, impossible de trouver. Du coup on s'embarque sur le chemin qui rejoint l'autre côté de l'île puisqu'on a le temps et de toute façon on est en stop donc on n'a pas vraiment de contrainte.

En effet, en continuant on se retrouve à Haapiti à l'autre bout. Floriane habite en Savoie et a l'habitude de marcher, moi aussi, donc cela ne nous a pas semblé être extraordianaire de se retrouver si loin. En revanche, les quelques personnes que nous croisons, à qui nous disons d'où nous venons, nous regardent avec des yeux écarquillés comme si on était fous. On a même eu droit à l'expression : "Vous êtes à dache", ce qui m'a beaucoup fait rire car je ne pensais pas entendre ça ici.

Sur le chemin il y avait cette vielle Jeep (enfin je crois) reconvertie en pot de fleur.


Je passe ma dernière soirée avec Amelie et Xavier autour d'une excellente salade de poisson cru, et devant ce magnifique coucher de Soleil.


J'ai eu un vrai coup de cœur pour Moorea. On s'y sent incroyablement bien, l'île est à taille humaine, elle se trouve à trente minute de Papeete donc la vie semble moins compliquée que sur les autres îles plus reculées. Tout le monde est gentil et détendu. La vie semble simple, sans stress et sans pression...ça fait un bien fou. L'île me fait penser à une petite Ile Maurice, avec le même genre de relief apique.

Je reste dans l'archipel des Îles de la Société mais vais maintenant quitter les Îles du vent pour retrouver les Îles sous le vent, à commencer par Bora Bora, la principale raison de mon passage en Polynésie française, et un autre point situé sur ma carte des endroits à voir une fois dans ma vie.

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