vendredi 14 octobre 2016

Tahiti

J'ai quitté Auckland avec 11h d'avance sur la France, et j'arrive à Papeete avec 12h de retard, au final le décalage horaire n'est pas énorme mais le jour n'est pas le même.

A mon arrivée c'est le choc thermique ! Je suis en jean, baskets et j'ai une petite doudoune sur les épaules, ici il fait 27 degrés à 23h et il y a entre 80% et 90% d'humidité. Bien sûr à l'aéroport j'ai droit à l'accueil cliché :


Je me souviens avoir eu exactement le même à Hawaï ! J'espère que ce ne sont pas les mêmes acteurs au moins. Je n'étais pas attendu par quelqu'un donc je n'ai pas reçu le collier de fleurs, les autres passagers n'y ont pas échappé, et en même temps c'est plutôt sympa. Je loge dans une auberge de jeunesse, un "Fare" (une maison), proche du centre avec une petite piscine, j'ai pu y rencontrer des gens très cools. Je n'ai qu'un jour et demi à passer ici mais je reviendrai à la fin de mon séjour.

J'avais prévu de consacrer ma journée entière à la visite de Papeete, la capitale, donc je me dirige dans le centre où je tombe sur cette dale qui rappelle que l'archipel est autonome, bien que non indépendant :


En gros, la France finance en partie, impose les lois, et se charge de la protection avec la présence de l'armée, c'est d'ailleurs assez drôle de croiser la Gendarmerie Nationale à l'autre bout du Monde.

On est dimanche et je pensais l'endroit si touristique que tout serait ouvert. Mais pas du tout, j'erre dans une ville fantôme, il n'y absolument rien d'ouvert, personne dans les rues et surtout rien à faire. Et puis on en fait le tour très vite. Je me promène quand même le long de la berge pour admirer la vue sur Moorea, à seulement dix-sept kilomètres, accessible en trente minutes de bateau.


Je croise quelques polynésiens obèses, ils sont très nombreux sur les îles, le taux d'obésité ici est l'un des plus élevés au Monde avec plus de 50%.

Voilà, voilà...j'ai fait le tour et il n'est même pas 10h. Je me dirige vers le seul endroit ouvert, l'office du tourisme, pour essayer de sauver ma journée. Là-bas je suis reçu par une personne, que l'on qualifie en Polynésie de Mähü. N'en déplaise à certains, ici la théorie du troisième genre est belle et bien réelle. En fait il s'agit d'un homme, normalement habillé en homme mais pas toujours, très maniéré, avec des intonations chantantes très marquées, et en général d'une politesse extraordinaire. Mais ils sèment un peu le doute par leur comportement, si bien qu'on a parfois du mal à savoir si c'est un homme ou une femme. Cependant il ne s'agit pas là d'attirance sexuelle, les Mähüs peuvent aussi bien être attirés par les hommes que par les femmes. A noter qu'ils ont souvent des épaules de déménageurs, comme un indice. Il s'agit d'une chose parfaitement intégrée et respectée dans la culture polynésienne depuis la nuit des temps.

Du coup je ressors avec un billet pour faire le tour de l'Ile de Tahiti, qui est la plus grande de l'archipel. Je suis pris en charge par un guide et son mini-bus que je partage avec trois couples, qui ont tous le double de mon âge. C'est rigolo, pendant le trajet ils m'ont tous décrit dans les moindres détails tout ce qu'ils ont fait, mais pas un seul ne m'a posé de question sur mon voyage, il n'y pas eu d'échange. Le "Moi je" ne serait donc pas une maladie générationnelle, elle touche tout le monde. Par conséquent je m'installe devant à côté du guide qui est également le chauffeur et discute avec lui. Il avait un air nonchalant, mais qu'est-ce qu'il était intéressant ! Un ancien breton d'une quarantaine d'années qui vit ici depuis vingt ans. Il était incollable sur la flore et connaissait l'archipel par cœur, aussi bien géographiquement qu'historiquement. J'ai appris beaucoup de choses grâce à lui. Il n'est d'ailleurs pas impossible que j'ai pu le saouler avec mes questions, je me souviens l'avoir envisagé.

Nous faisons notre premier stop dans un Marai. Il s'agit d'un temple polynésien, du temps de leur religion animiste, avant que le christianisme ne soit imposé par l'homme blanc.


Finalement on appelle ça un "temple" mais il s'agit plus de pierres disposées d'une certaine manière, sans toit ni murs. Les sortes de statues en bois rouges servaient de dossier à ceux qui menaient la cérémonie.



Quelques kilomètres plus loin nous arrivons à un spot de surfeurs, sauf que ce n'est pas la bonne saison donc les vagues sont presque inexistantes. C'est assez atypique pour celui qui n'a jamais vu de plage de sable noir, issu de la roche volcanique de l'île, mais ça ne fait pas de belles plages.


Puis nous arrivons au Jardin d'eau qui nous accueille avec une petite cascade.


Et un joli plan d'eau dans lequel on trouve des anguilles. J'ai découvert que l'anguille était un animal amphibien, elle vient pondre en eau douce puis repart à la mer en rampant sur le sol. C'est nouveau ça ! Merci de me prévenir.


Je ne suis pas du tout amateur de plantes, je n'y connais absolument rien et c'est dommage car ici les variétés sont nombreuses et surtout on ne les trouve pas toutes en dehors de l'île. Nous passons donc devant des arbres à pain, des manguiers, bananiers, ananas, etc.


Et au milieu de tout ça des poules et des coqs presque partout. Il faut savoir qu'ici les poules volent (ou du moins sur une courte distance). Elles sont donc très musclées et leur viande est trop dure pour être mangée. Le poulet est donc importé des Etats-Unis. Je continue de chercher mais pour l'instant je n'ai rien trouvé qui explique que personne ne soit capable de créer un élevage de poulets comestibles. En Asie du Sud Est il n'y a que ça car c'est l'élevage le plus simple à entretenir et la viande est moins chère. Je ne comprends vraiment pas.

Nous remontons la côte Est, nous passons devant une prison en construction. Ici il n'y a plus de place pour les détenus qui partagent à quatre des chambres de deux. On a beau être sur une île "paradisiaque", les conditions des détenus font partie des pires du territoire français. En même temps il ne fallait pas se faire choper. La raison est que la population a considérablement augmentée ces dernières décennies.

Et nous nous arrêtons au Trou du Souffleur. Il s'agit d'un trou d'environ 30cm de large qui mène jusqu'à la mer. Selon les périodes le souffle provoqué par les vagues peut créer une énorme gerbe d'eau. Nous, nous avons droit uniquement au souffle, on va pas y passer 2h.


J'attendais avec impatience d'arriver à la Pointe Venus qui est LA plage de Tahiti, celle où vont les habitants de Papeete car juste à côté.


Et bien en fait c'est une nouvelle plage de sable noir, comme toutes les plages de l'île de toute façon. Il n'y a pas vraiment de lagon non plus donc c'est finalement une plage relativement banale.


C'est à la Pointe Venus que le Capitaine Cook à débarqué en 1769 afin d'observer le passage de Venus entre le Soleil et la Terre. Ce dernier, à qui nous devons beaucoup de découvertes dans la région Océanie-Pacifique, finira par se faire assassiner à Hawaï suite à un stupide malentendu avec les Polynésiens. Il était respecté comme personne et les polynésiens considéraient qu'il avait énormément de "Mana" (énergie que l'on pourrait assimiler a l'aura). Ils l'ont donc mangé pour récupérer cette énergie...bon appétit.

Le soir je me promène dans le centre de Papeete pour voir le coucher de Soleil sur Moorea que je rejoindrai le lendemain.


A partir de 18h ça commence à s'animer un peu. Je retrouve le côté touristique que j'imaginais avec l'éclairage, dans le port, de l'eau qui se situe entre le ponton et la berge.


Et attention, ils sont allés jusqu'à mettre des filets pour créer des compartiments dans lesquels on trouve des poissons type "tropicaux", c'est un peu trop à mon goût, surtout qu'il suffit de prendre son masque et son tuba, il y en a partout dans la mer.

Je dîne aux roulottes, j'avais lu qu'il ne fallait pas manquer ça.


Ici on ne mange pas grand chose de local et c'est le grand écart de la gastronomie : chinois, crêpes bretonnes, ou encore le choix que je fais, le bon gros steak de boeuf importé de la Nouvelle Zélande. Il était franchement delicieux et la blague c'est qu'il me coûte moins cher ici qu'en Nouvelle Zélande, c'est à n'y rien comprendre. L'ambiance est très sympa autour de ces grandes tablées.


Je n'ai passé qu'une seule journée complète à Tahiti, ce qui est évidemment très court, mais en discutant avec des personnes qui en ont fait un peu plus il semblerait que l'île a beaucoup plus à offrir en son centre, à savoir dans les montagnes (qui ne sont pourtant pas très jolies à première vue), plutôt que sur sa côte. Il faut savoir que le point culminant atteint quand même 2'200m d'altitude donc il y a de quoi faire. J'orienterai donc mon second passage ici en ce sens car pour l'instant je suis un peu déçu, bien que je n'oublie pas où je me trouve. Demain je prends le bateau pour Moorea qui semble, vu d'ici, complètement différente.

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