mardi 8 novembre 2016

San Pedro de Atacama

Voilà, à force d'aller vers l'Est je me retrouve maintenant à l'Ouest, et j'en profite pour confirmer, après vérification, que la Terre est bien ronde, on ne nous a pas manipulés sur ce coup là, mais ça valait le coup d'aller contrôler tout ça quand même. Depuis l'Ile de Pâques le passage par Santiago, au Chili, est obligatoire. J'en profite donc pour passer huit jours ici, et mon choix se porte sur le Nord car plus dépaysant. En route pour San Pedro de Atacama et son désert.

Le changement d'ambiance est radical, une petite oasis en plein désert aride (le plus aride du Monde en fait), ici l'humidité est à 0% ! Ça change de la Polynésie et ses 80-90%. Le village est très touristique comme je m'y attendais, et c'est normal car il y a beaucoup de choses à faire, et surtout beaucoup de paysages extraordianaires à découvrir. Ici on ne connaît pas trop le bitume, les routes sont extrêmement poussiéreuses, je vais en manger pendant cinq jours.



Le but est donc de s'inscrire auprès d'une petite agence pour intégrer un groupe et partir en excursion. Et ça n'est pas très compliqué car il y a des agences tous les dix mètres. C'est d'ailleurs un peu le problème car certaines ne sont pas dignes de confiance et peuvent vous poser un lapin le jour J. Quand on a peu de temps ça n'est pas envisageable. J'opte pour une agence qui n'est pas la moins chère mais qui m'a inspiré confiance, et je n'ai pas été déçu. C'est donc comme ça que je pars le premier jour pour les Geysers d'El Tatio à plus d'une heure de route, enfin de piste. Le but est de voir le lever du Soleil depuis là-bas donc on part à 5h du matin. Pour info, deux jours avant j'étais arrivé à Santiago à 23h et j'avais un vol le lendemain à 6h pour San Pedro, j'ai donc passé la nuit à l'aéroport où il est impossible de dormir à cause du monde et du bruit perpétuel. Je sens que la fatigue va commencer à s'accumuler, d'autant plus que j'ai une ceinture noire du ronflement dans mon dortoir.

J'arrive avec mon petit groupe sur l'Altiplano. Cela faisait depuis le Pérou et la Bolivie que je n'y étais pas retourné. L'Altiplano est en fait une grande pleine s'étendant sur quatre pays : le Chili, l'Argentine et donc le Pérou et la Bolivie. L'altitude moyenne est d'environ 3'500m et il est entouré de volcans pour certains actifs, culminant parfois à plus de 6'000m. D'ailleurs cette région du Monde est la seconde la plus volcanique, derrière l'Indonésie. Un endroit unique mais également un des plus hostiles car ce n'est que du désert. J'ai été d'abord déçu par le fait que finalement nous ne nous arrêtons pas pour admirer le lever du Soleil, on le verra en se trordant le coup vers la droite depuis le bus...un peu dommage, surtout qu'à chaque fois que je regarde vers l'arrière à droite, le gars derrière moi croit que je l'observe. Par contre en arrivant c'est la claque :


On ne se croirait pas sur Terre, c'est extraordinaire. Il y a plein de fumeroles partout, ainsi que de tout petits geysers. En réalité il n'y a plus d'activité volcanique à cet endroit, cependant de la lave continue de couler à plusieurs kilomètres sous terre. Les eaux de pluie qui ruissellent (et oui il pleut parfois) et qui s'accumulent dans le sol finissent par bouillir et créent de la vapeur. Cette dernière s'échappe donc par la moindre petite faille qu'elle peut trouver, créant ces grandes émanations.


Alors par contre...qu'est-ce que c'est touristique ! Avec Waél, un anglais de mon groupe avec lequel j'ai sympathisé, on a eu beaucoup de mal à se prendre en photo sans trop de monde autour.


On se promène donc au milieu de cette nature inhabituelle, ça me rappelle un peu Rotorua en Nouvelle-Zelande. Ce qui est surtout bizarre c'est qu'il fait -9 degrés car nous sommes à 4'700m d'altitude, et pourtant au milieu de quelques plaques de glace, de l'eau bouillante trace son chemin ! Mieux vaut avoir de bonnes chaussures bien fermées.



Après notre petit tour il était possible d'aller se baigner dans des sources chaudes. Alors franchement, d'une, même si l'eau est chaude il fait beaucoup trop froid à l'extérieur, et d'autre part tous sont les uns sur les autres ça ne donne pas du tout envie.


La température la plus chaude est à droite donc tout le Monde se monte dessus, et ceux qui ne se baignent pas restent à côté du bassin à ne rien faire, c'est ce que j'appelle l'effet "mouton". Du coup je m'écarte et file voir d'autres choses et au moins il n'y a personne. C'est comme ça que je tombe sur un renard pas farouche.



Sur le retour nous passerons dans un petit village et cette église très mignonne :


Mais honnêtement tout est fait pour la consommation, il y a des bus partout et le plus drôle c'est quand même que les gens font la queue pendant au moins 30min pour goûter de la viande de Lama ! Alors qu'il y en a partout ailleurs et notamment à San Pedro ! Mais comme on leur dit qu'il faut la goûter ici alors les gens le font...et ils sont contents. J'ai été un peu dérangé par toute cette mise en scène, heureusement ça n'a duré que la matinée.

Ma seconde excursion est celle que j'ai préférée et c'est également la plus connue dans cette région. Il s'agit de la "Valle de la Luna". Alors là c'est du grand spectacle, et cette fois j'ai trouvé que l'on était moins gêné par le monde. Voilà ce que ça donne :



Très proche de là il existe également la "Valle de la Muerte" (Vallée de la Mort), une déformation du nom initial "Valle de Marte" (Vallée de Mars), un peu plus rouge et dans laquelle des expériences son faites pour sa géographie très proche de celle de la planète Mars. Et effectivement, déjà ici on se croirait en plein film "Seul sur Mars", c'est un des paysages que j'ai préférés sur l'ensemble de mon voyage.


On a beaucoup marché et on touche du doigt ce que cela peu donner si on est laissé à son propre sort au milieu de ce désert. Je ne pense pas qu'il soit possible de tenir plus de quelques heures.



J'ai particulièrement aimé ce mix de sable beige et de cette roche à pic très brune, ou parfois totalement l'inverse.

Un peu plus loin nous passons devant une ancienne mine de sel, ça n'avait franchement pas grand intérêt car elle avait plus de quarante ans et les trous étaient rebouchés.


La seule chose à voir ce sont les cahutes fabriquées par les mineurs, à base de terre, d'eau et de sel :


Puis nous passons devant ce petit relief qui était vénéré à une certaine époque, le pilier du milieu symbolisant Marie tenant Jesus dans ses bras, celui de droite Marie en train de prier, et celui de gauche ne symbolise plus rien depuis qu'un touriste l'a fait s'écrouler en montant dessus...oh le con !


Le Soleil commence à tomber, amenant de plus belles couleurs.


Maintenant c'est le sable qui est brun et la roche qui est beige...




...et il est temps pour nous d'aller nous trouver une bonne place pour un nouveau coucher. Je pense que nous allons trouver un super spot, probablement peu connu du reste des touristes :


Ah ! ...ça me rappelle ce fameux coucher de Soleil dans le centre de l'Australie ou un gars faisait des cocktails en plein désert. On est des centaines, mais l'avantage c'est qu'il y a beaucoup de place, je me trouve donc un coin bien tranquille et isolé à quelques millimètres de quelqu'un.


Le spectacle est somptueux. Tout ceci est tellement atypique.


Avant de repartir je prends cette petite photo du volcan qui domine San Pedro.


Cette sortie va rester longtemps dans ma mémoire, une des plus dépaysantes de mon voyage, sans aucun doute possible.

Le lendemain c'est parti pour les Lagunas Altiplanicas. Et ça commence par la Laguna Miscanti :



Encore une belle grosse claque !


Il y a plein de Vigognes, un peu plus petites que le Lama et l'Alpaga. La poussière que l'on voit au loin est dégagée par les vigognes qui se coursent, un spectacle hors du commun. C'est à ce moment précis que j'ai été rattrapé par le cafard en réalisant que j'étais en train de vivre mes dernières grandes découvertes, en tout cas pour ce voyage, et que ce qui faisait mon quotidien depuis presque sept mois va retomber dans le domaine de l'exceptionnel. Bref, une chance inouïe de vivre tout ça.


A quelques kilomètres, la Laguna Miniques, dans le même genre.


Après un bon déjeuner partagé tous ensemble, et notamment avec un couple de français de mon groupe, nous partons pour Piedras Rojas.


Cette fois c'est de la cendre qui est retombée sur de la glace. La cendre s'est solidifiée, puis la glace s'est ensuite retirée et a laissé sa forme à la cendre, qui, en s'oxygénant, a pris cette couleur rouge. Finalement je retrouve presque les mêmes couleurs qu'à Bora :


Mais pas la température.



Encore un beau passage, ça fait beaucoup de paysages grandioses en peu de temps, cette partie du Monde est extraordinaire.

Dernière étape de la journée, le Salar de Atacama (un désert de sel). C'est le troisième plus grand du Monde, derrière celui d'Uyuni en Bolivie et celui de Salt Lake aux Etats-Unis.


Celui d'Uyuni était plus lisse, celui-ci est complètement différent, on ne pourrait pas vraiment rouler dessus. Le sel forme de gros paquets friables.


Et comme toujours, des flamants roses partout. Ces derniers se nourrissent de micros organismes dont de microscopiques crevettes, et c'est cette nourriture qui leur donne leur couleur rose (comprenant entre autre de la carotène). Leur bec ne s'ouvre que de un ou deux centimètres, et des branches situées là où nous avons nos dents leur permettent de filtrer ce qui peut y entrer.



Le lendemain je pars pour ma dernière excursion, à Laguna Cejar. Le guide est petit et trapu, et a une coupe au bol parfaite, on dirait un Playmobile ! Ça m'a fait la journée. J'ai quand même vérifié s'il pouvait écarter les doigts.


En fait trois lagons dont un dans lequel on peut se baigner. Je n'ai jamais vu la Mer Morte mais le phénomène est le même, une eau extrêmement salée qui nous permet de flotter facilement.


Du coup, un réflexe naturel et quelque peu bizarre nous pousse au bout de quelques secondes à nous mouvoir dans le bassin par un simple petit moulinet des avant-bras, un peu comme sur un matelas gonflable. J'ai constaté que les autres le faisaient aussi.


Drôle d'expérience. En sortant je suis sec en deux minutes avec cet air sec et ce Soleil qui tape. L'eau me laisse une bonne grosse couche de sel bien blanc, heureusement ils ont prévu des douches d'eau douce.

Puis nous allons sur un second site où l'on peut observer deux gros cratères, à priori le résultat de météorites.


Mais le plus drôle c'est qu'il est possible de se baigner dans l'un d'eux, ce que je ne fais pas. Certains en profitent pour faire des sauts et s'amuser un peu, et tout le monde regarde. Mais un gars s'est complètement pris au sérieux, après un plongeon en style "saut de l'ange" il fait des longueurs en crawl le type ! Je suis sûr qu'il s'en voulait de ne pas avoir pris son bonnet et ses lunettes !


Du coup on a tous une superbe photo du cratère avec un gars qui tape des longueurs au milieu...mais qu'est-ce qu'il fait ?!


Puis vient le final, toujours sur le Salar :



Le Soleil se couche et c'est une nouvelle fois magnifique. Les contrastes sont dingues !




Avant qu'il ne fasse noir, le guide nous a préparé un petit apéro. Sentant la nourriture, des genres de mouettes nous tournent autour, réveillant chez moi un stress post-traumatique, suite à l'agression par des buses dont j'ai été la pauvre victime sur l'Ile de Pâques.

Je ne regrette pas mon choix d'être parti pour le Nord du Chili. J'y ai vu certains des plus beaux paysages qu'il m'a été donné de voir. L'ambiance est un peu indescriptible car derrière la photo c'est toute une atmosphère qui se dégage. C'est sans aucun doute un endroit unique sur Terre, qui ne trouve son pareil nul part ailleurs. J'ai franchement pris une grosse claque visuelle. Je redescends maintenant pour passer mes derniers jours à Valparaiso qui doit encore me réserver, dans un autre registre, de belles choses à voir.

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