mercredi 25 mai 2016

Trek "Camp de base de l'Everest"

Me voilà de retour, après 15 jours coupé d’Internet, de TV, de téléphone, bref, du Monde. Je vais essayer en quelques mots de revenir sur ces deux semaines riches en paysages et en découvertes.

Le trek commence à Lukla que nous rejoignons en avion par le premier vol de 6h30. Dans le petit hall se côtoient trekeurs comme moi et alpinistes préparants une expédition (pour l’Everest ?). Après quelques rassurants reserrages de boulons nous pouvons embarquer dans ce petit avion d’une vingtaine de places.


Pendant toute la durée du vol (30min) je me suis demandé à quel moment ils allaient nous demander de sauter avec notre parachute. Je pense que si quelqu’un avait éternué on aurait perdu le cap.


Nous atterrissons finalement. Je lierai à mon retour que Lukla est le 2e aéroport le plus dangereux au Monde car il est à flanc de montagne et que les conditions sont souvent difficiles...aller oublions ça.


Les six premiers jours se ressemblent assez. Nous partons vers 7h30 le matin puis nous marchons entre 4h et 5h d’un rythme agréable. Nous avons donc l’après-midi pour nous reposer mais surtout, pour nous acclimater, car c’est bien ça l’objectif de ces premiers jours qui seront déterminants pour la suite.


Les paysages que nous traversons (parsemés de stupas, lieux de prière boudhistes) rappellent ceux de la moyenne montagne alpine. A la différence que nous devons régulièrement emprunter des « Dancing bridges » que nous appelons en France : « Pont népalais »...bah oui.



Le tout est d’éviter de croiser un convoi d’ânes ou de yaks, ou même un Sherpa transportant des poutres ou une fenêtre...si si.


D’ailleurs, voici à quoi ressemble l’équivalent d’un sac Quechua pour les népalais. Un panier pouvant se remplir sans limite, et un petit T en bois permettant de servir de canne pour la marche, mais surtout pour y reposer le panier pour faire une pause. On est loin du sac The North Face avec renfort dorsal et mousses latérales rabattables thermoformées en gel hydro-isolant.


Ces gens transportent tout (jusqu’a 100kg !!) et leur méthode est parfaitement rodée, rien ne bouge, tout est bien ficelé, et il ne se servent pas de leurs épaules mais du haut de leur crâne pour tout supporter. Pouvoir porter une telle charge peut s’avérer pratique, une fois que l’âne est fatigué, il n’y a qu’a inverser les rôles ! Bien que je n’ai pas vu d’âne à dos de Sherpa.






Nous passons chaque fois la nuit dans des petits villages, l’un d’entre eux s’avère beaucoup plus grand que les autres, il s’agit de Namche. C’est ici que je prends conscience qu’il fait très très froid et que mon guide ne m’a pas bien conseillé sur l’équipement. Tout à fait innocemment il me fait savoir qu’il pourrait même y avoir de la neige vers les 5000m. Euhhh...c’est à dire que moi je suis en ballerines et maillot de bain. Bon j’exagère, heureusement j’avais pas mal prévu le coup, excepté que je n’ai pas de pantalon très chaud. Donc, déjà je loue un sac de couchage digne de ce nom (il doit faire 4 degrés la nuit) et dans un deuxième temps je file acheter un pantalon chaud, il y a l’embarras du choix dans ce village. Je finis par acheter un authentique pantalon de la marque Mammut pour 15 euros. A 12 euros j’aurais eu des doutes mais à ce prix là je sais que c’est un vrai ! Tiens c’est marrant la poche gauche ne ferme déjà plus...j’ai du tomber sur un modèle défectueux.




Plus nous montons plus la végétation change. Nous pouvons voir les fameux rhododendrons connus dans cette région.


A partir de 4000m il n’y a plus d’arbres et nous commençons à apercevoir quelques tout petits sommets de 6000m.






A la fin du 6e jour, à Gokyo, au bord d’un lac, on se sent bien, mais on sent que le corps a travaillé un peu, nous dormons a 4700m, l’acclimatation s’est bien faite.



Le 7e jour, les choses sérieuses commencent. Nous nous levons à 4h30 pour rejoindre Gokyo Ri perché à près de 5400m, un des plus beaux points de vue sur l’Everest. Le souffle est court, on y va tranquillement. La rando surplombe le lac qui change de couleur au fur et à mesure que le Soleil se lève. Ici, le mal des montagnes frappe dur, certains s’arrêteront avant le sommet.



Une fois là-haut, le spectacle est grandiose, et lorsque les quelques petits nuages s’écartent...ça y est je le vois, je suis devant l’Everest ! Les premières choses qui me viennent à l’esprit sont toutes ces histoires d’alpinistes, tout ces gens qui ont risqué leur vie pour atteindre ce sommet. Je reste un peu scotché.


Je me sens bien donc je profite et reste un long moment à regarder tout autour de moi, c’est spectaculaire, le Soleil transforme tout, minutes par minute, les couleurs, les nuages également, ça paraît très vivant. A ce moment là je crois que mon guide à plein d’idées de photos mais je ne l’entends pas.



Nous redescendons ensuite pour rejoindre l’étape suivante, et pour cela il nous faut traverser un glacier.


Il y a pas mal de chutes de pierres et de séracs, il ne faut pas trop s’attarder.


Le soir la fatigue se fait un peu sentir. C’est dommage, car dès le lendemain, rebelote, levé 4h30 pour passer le col de Cho La à 5400m qui nous permet de rejoindre l’autre vallée, celle de l’Everest.

Le 8e jour donc, mon guide à beau me montrer le col par lequel nous allons passer, je ne vois que de la roche et de la glace. Quand je comprends enfin ce qu’il me montre je comprends que je vais en baver. Ce jour là j’ai appris un mot en népalais, « Col » signifie « Mur de glace infranchissable ».


Je prends conscience du décalage qu’il existe entre nos normes et les leurs. Pour ce type de passage nous aurions mis des baudriers et nous serions encordés, avec des crampons, etc. Alors qu’ici je croise un type en sandales qui transporte 60kg de bouteilles de gaz, et le gars sifflote en se roulant une clope...moi j’ai un petit sac, j’en ai pour 1000 euro d’équipement sur moi et je souffle à fond...que je suis petit.


Nous arrivons finalement au col à 5400m, non sans peine.



C’est tout enneigé mais bien tassé donc on marche sans problème. C’est quand même bien crevassé mais ça n’a l’air d’inquiéter personne. Aller...partons marcher en basket au milieu des crevasses !





Nous redescendons donc de ce « col ».



Nous rejoignons notre refuge à 4700m devant lequel quelques tentes sont plantées, certainement des alpinistes qui prévoient un sommet dans le coin.


Cette nuit là je serai rattrapé par un petit mal des montagnes, curieux après avoir passé deux fois la ligne des 5300m sans problème. Le lendemain matin, après un comprimé je me sens un peu mieux mais ça m’a quand même bien secoué. Le bon conseil de mon guide : prends une soupe pour avoir quelque chose dans le ventre, sauf que le « quelque chose » était une soupe à l’ail...oh la mauvaise idée. Heureusement il s’agit d’une journée de transition (seulement 4h de marche) pour rejoindre le chemin qui nous mènera le lendemain au Camp de base de l’Everest.

Le 10e jour je me sens bien, j’ai passé une excellent nuit et le matin l’appétit est revenu. Il a neigé toute la nuit, et c’est dans cette ambiance que nous partons pour ce qui sera le but ultime de ma venue ici.



Tout est dégagé, ça s’annonce bien. De loin, je vois le bout de la vallée, là où se situe le camp de base.


Nous croisons quelques yaks bien chargés qui ramènent de tout, des bouteilles de gaz, des tables de jardin, d’énormes sacs d’expédition, etc.


Je  vois des petits points jaunes et oranges, les premières tentes au loin ! Et au-dessus commence à se dessiner le sommet de la plus haute montagne du Monde. Je suis comme un gamin sauf que si je m’excite encore je tombe dans les pommes. Et oui nous sommes à plus de 5200m et à cette altitude on n’est pas la même personne. On paye tout de suite le moindre effort inutile, donc je me retiens de faire la roue et des galipettes arrières.


Nous croisons encore quelques frimeurs avec leur maison sur le dos. Blagues à part, je suis admiratif de ces Sherpas. Ce qu’il font est au-delà de l’imaginable, nous sommes à 5000m et ils portent des chargements énormes. Ils ne se plaignent pas, et ceci est leur quotidien. Ces expéditions leur permettent de vivre, sans cela, ils ne gagneraient pas assez pour nourrir leur famille et seraient obligés d’aller vivre ailleurs. La notion de choix n’est pas vraiment présente. C’est comme ça que ça marche ici, ils ne veulent pas se faire plaindre mais moi je leur tire mon chapeau. Certains devraient en prendre de la graine.


Après encore quelques efforts, plus mentaux que physiques, nous arrivons au camp de base (5360m). Je n’en reviens pas...je suis au Camp de base de l’Everest, et il est juste devant moi, ça paraît surréaliste. C’est fascinant, je compare ça au fait de nager dans une cage pour voir les requins blancs. Le monstre est là devant moi, je peux l’observer autant que je veux, mais je me situe encore dans la zone sans risque.




Le camp de base est un grand bazar. Ca n’a pas l’air si organisé et d’après ce que j’ai compris en discutant sur place, c’est très territorial. Certains se sont placés très loin pour être au plus près de la voie de départ. Mais de là-bas on ne voit pas le sommet. Alors que les tentes servant à l’analyse météo et à la surveillance des expéditions sont situées plus en retrait, afin de voir le sommet.


Maintenant je vois parfaitement la voie et où sont établis les différents camps, tout devient beaucoup plus concret. Une petite photo de l'équipe au complet : mon guide, mon Sherpa et moi.


Je prends la photo souvenir qui me restera très longtemps dans la tête. Puis nous reprenons notre chemin. En arrivant le soir nous aurons marché 10h dont 6h au-dessus de 5000m.


Il nous faudra encore 3-4 jours pour redescendre jusqu’en-bas. En redescendant les jambes reviennent, l’appétit également, on se retrouve tout simplement.

Définitivement ce trek est long et difficile mais ça en vaut largement la peine. Il fait froid, les conditions de logement et d'hygiène sont parfois spartiates, mais c'est avant tout l'altitude qui créé cette difficulté et c'est à ce moment là que la tête prend le relais. Les paysages sont à couper le souffle et le Camp de base, Graal de cette aventure, est un lieu très particulier, mythique et sans pareil. J'y ai trouvé exactement ce que j'attendais. J'ai foulé le camp de base de l'Everest...et je suis heureux.


1 commentaire:

  1. Quel courage !!! Ton article m'a fait voyagé, j'ai la boule au ventre ca doit être tellement difficile de marcher à cette altitude !!! Tes photos sont superbes ;-) je ne crois pas que personne ne t'ai laissé de com ��

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