vendredi 28 octobre 2016

Huahine

Cette fois, en arrivant à Huahine, quelqu'un vient me chercher. Comme d'habitude, à l'aéroport je vois plein d'énormes pick-up. Ici et comme sur toutes les autres îles, les gens ne sont pas particulièrement riches mais ils ont de grosses et belles voitures, en tout cas pour certains d'entre eux. Trois raisons à cela, d'abord certaines familles ont largement profité des années du "nucléaire", lorsque la France faisait ses essais dans le pacifique, créant de l'emploi et versant surtout de grosses sommes aux politiques polynésiens. Une autre explication est que d'autres familles sont propriétaires de leur terrain et de leur maison depuis des générations, ils mettent alors tout leur argent dans la voiture. Et enfin la dernière explication veut que les polynésiens achètent presque tout à crédit, la voiture ne déroge donc pas à la règle.

J'arrive tout au sud de l'île dans ma pension, ma chambre est à cinq mètres de la plage. Là-bas je rencontre Luca et Laura, deux français qui font le tour du Monde, je les retrouverai sur l'Ile de Pâques.


Huahine est quand même plus sauvage que ses voisines, le petit village principal se trouve tout au nord et je me trouve tout au sud, je suis donc plutôt isolé mais ce n'est pas plus mal car finalement depuis un moment je bouge énormément, sauf une journée sur Raiatea, je vais donc en profiter pour me poser un peu. En plus la plage qui jouxte ma pension est très belle :



Il y a même un Mare (une sorte de temple polynésien) juste à côté. Au final ce ne sont que quelques pierres entassées proprement :



J'ai donc bien profité de cette belle plage et dès que le Soleil est un peu tombé, la chaleur avec, je me suis rendu sur un motu relativement proche en kayak. Je crois que ça aura été mon activité phare durant mon passage en Polynésie.


Le côté du motu que je vois est déjà exceptionnel...


...je pousse un peu pour aller voir de l'autre côté, et là c'est la belle surprise, la plage est somptueuse, et avec le Soleil rasant de fin journée c'est encore mieux.



Je pose le kayak pour aller marcher un peu.


Il y a des trous de crabes partout sur la plage, en Polynésie ils vont même dans les jardins, ils posent les mêmes problèmes que les taupes chez nous.



J'ai passé un peu de temps sur ce magnifique motu, puis je suis reparti avant de devoir laisser une jambe aux moustiques.

Le lendemain je pars pour une plongée avec bouteille. Je suis tout seul avec le monit qui doit avoir mon âge, c'était très sympa. Il m'a emmené dans une "passe", une ouverture par laquelle l'eau de la mer entre dans le lagon. Il y a donc beaucoup de corail et surtout beaucoup de poissons. A mon niveau je suis limité à 12m de profondeur, les bancs de gros requins quant à eux sont plutôt à 25m donc je ne les verrai pas. Par contre je me suis régalé sur le reste. Et comme je consomme peu d'oxygène on a pu plonger pendant près d'une heure, au lieu de quarante minutes normalement prévues. J'ai pu constater qu'une fois qu'on s'écarte du récif corallien, le relief tombe d'un seul coup, parfois de 2'000m ! En passant au-dessus on a l'impression de voler au-dessus du vide. Encore une fois un vrai régal. J'ai surtout découvert que le requin est loin d'être le principal danger de l'océan. En effet, durant la plongée le monit m'a tiré violemment le bras...j'étais en tain de me faire charger par un Baliste Titan ! C'est un gros poisson de 70cm voire plus, trapu et surtout territorial. Il charge tout ce qui bouge même si ça fait dix fois sa taille. Il a recommencé à me charger, on est vite parti. C'est un poisson vraiment dangereux pour les plongeurs, il peut arracher un doigt sans effort (je pense que ça marche également avec ma fesse gauche qu'il avait l'air de viser). Un peu plus loin Cyril (le moniteur) me montre un Bernard-l'hermite tout petit, s'il vous pique vous êtes mort en quelques minutes. Et enfin, un autre être vivant de la famille de l'étoile de mer, si vous vous piquez dessus, vous pouvez envisager de vous faire amputer ce qui se trouve autour de la piqûre...sympathique. Sans oublier les poissons pierres, les méduses, les murènes, etc. C'était donc très intéressant de comprendre le milieu sous-marin et de voir que le danger ne vient clairement pas d'où on l'attend le plus. Moi je me croyais encore dans le Monde de Némo.

De retour de ma plongée je suis un peu "fiu". Cette expression est utilisée par les polynésiens pour dire qu'ils ont la flemme, ou juste pas envie. Il arrive souvent qu'un employé d'une société soit fiu le matin, du coup il ne vient pas travailler. Les français de métropole ont beaucoup de problèmes avec ça, il y a un gros taux d'absentéisme en entreprise. J'ai donc pu lire, dormir, me reposer, faire la sieste, faire une pause, somnoler, puis me baigner avant de fermer les yeux, pour finalement finir par m'endormir.

Le dernier soir j'ai voulu aller immortaliser les belles couleurs que je voyais chaque jour avant le coucher du Soleil.


Je marche le long de la côte avec Tapu, le chien de seulement sept mois de la pension qui me suit partout. Pour les chiens je dois avoir une grosse pancarte sur le front où il est écrit "Je veux être ton copain" car ça m'arrive souvent.


La roche est très abrasive, je ne sais pas comment il fait avec ses coussinets. Le Soleil tombe peu à peu...


...pour passer derrière les hauts palmiers :


Un passage à Huahine très reposant mais également très beau. La pension dans laquelle j'étais devait être la plus spartiate de mon séjour et pourtant je m'y suis très bien senti. La plongée me laissera un grand souvenir.

Après cela j'ai de nouveau pris un avion qui m'a ramené sur l'île de Tahiti où je retrouve Lucas et Laura. Nous avons le même vol pour l'île de Pâques donc nous prévoyons de passer les quatre prochains jours ensemble. Mon séjour en Polynésie se termine, malheureusement juste avant la grande course de pirogues durant laquelle les participants relient les îles de la Société à coups de rames. Cette course fait venir beaucoup d'équipes, y compris depuis Hawaï, et peut-être même depuis l'île de Pâques. Une grande fête. Les balades à vélo et en kayak vont clairement me manquer. Ces îles sont les plus belles que j'ai vues, regroupant de belles montagnes luxuriantes, des lagons aux couleurs surréalistes, des plages blanches (ou noires) bordées d'immenses cocotiers, un grand large saturé de poissons, et des gens d'une gentillesse encore jamais rencontrée, sauf peut-être en Birmanie...et encore. Contrairement à l'idée qu'on s'en fait, la Polynésie n'est pas seulement une destination de lune de miel. La parcourir avec le sac-à-dos permet d'en voir un autre visage, j'y ai compris beaucoup de choses sur la vie dans les îles, et surtout j'ai pu avoir des retours d'expériences multiples, des jeunes français fraîchement installés, aux locaux nés ici, en passant par une famille métissée. La Polynésie française est un peu une prison dorée, tout est magnifique, mais tout est compliqué. Rien que pour accoucher, les femmes qui ne se trouvent ni sur Raiatea ni sur Tahiti (où se trouvent les maternités), doivent se rendre à la maternité un mois avant le terme, et y rester. Le moindre voyage dans un autre pays est long et cher, les pièces pour réparer les véhicules ne sont pas toujours disponibles, etc. Sans parler de l'aspect culturel parfois un peu limité en comparaison avec une ville européenne de taille moyenne. Il faut donc bien s'organiser et surtout bien réfléchir avant de tout plaquer pour venir s'installer ici, comme beaucoup de métropolitains le font.

lundi 24 octobre 2016

Raiatea

Raiatea se rejoint depuis Tahaa en bateau, le trajet est relativement court, à peine un quart d'heure. Là-bas je suis accueilli par Miss Mähü en personne ! Même habitué ça fait toujours un peu bizarre, une personne adorable, d'une politesse et d'une gentillesse hors normes, et surtout d'une incroyable féminité dans le corps de Jonah Lomu. En tout cas je suis bien reçu...avec un collier à fleurs.

A Raiatea c'est finalement un peu comme sur toutes les îles de la Société. On peut faire le tour de l'île à vélo (bien que ce soit assez grand quand même), faire le tour de l'île en bateau et s'arrêter voir les raies et les requins, faire du snorkeling dans un jardin de corail, faire de la plongée, ou bien faire un peu de randonnée vers l'intérieur des terres. Autrement dit, cette cinquième île que je visite ne me dépayse pas. Ma pension se trouve encore une fois en face d'un motu donc je prends un kayak mis à ma disposition et me voilà encore reparti à donner des coups de pagaies...mais quand cet horrible cauchemar va-t-il enfin s'arrêter ?!


Je pose le kayak et fait un premier tour du motu à pieds. Je suis absolument tout seul dessus.



Ça n'est pas le plus beau, et surtout pas le plus propre que j'ai vu, mais je trouve un petit bout de plage où je prends mon premier coup de Soleil polynésien...et avec de la crème solaire ! Franchement ça cogne sévèrement.


C'est une des premières fois où je me pose vraiment, je lis, je bronze, je me baigne, je réfléchis, je fais une sieste car réfléchir m'a épuisé. Une journée plutôt tranquille donc, même très tranquille, et ça fait du bien.

Le lendemain je prends un vélo et pars un peu explorer les environs. Je me retrouve rapidement sous un ancien cratère. Je pose donc le vélo et monte à pieds pour une petite heure et demie.


La chaleur est étouffante, il fait tellement humide, j'ai l'impression de fondre, et avec ma corpulence, si je fond je disparaît. La vue depuis là-haut est magnifique.


On voit parfaitement le lagon que Raiatea partage avec Tahaa, c'est une spécificité de ces deux îles.


A droite je vois les deux motus qui se trouvent en face de ma pension, hier je me suis fait rôtir sur celui de gauche :



Et comme l'occasion se présente je me sens obligé de prendre en photo la reine de la faune locale, la poule :


Il y en a partout, et je suis franchement fâché avec son mari qui rentre tous les soirs tard avec un coup dans le nez, enfin j'imagine car pour qu'un coq chante aussi bien à 2h du matin qu'à 11h ou à 18h, c'est qu'une connexion ne s'est pas faite. Et c'est comme ça sur toutes les îles.

Pour en revenir à cette magnifique vue...


...je peux voir au loin Bora Bora, je suis content de ne pas l'avoir complètement perdu de vue après l'avoir quitté.


Un deuxième passage assez court après celui de Tahaa mais c'était prévu car les deux îles ont à peu de choses près les mêmes points d'intérêts. Il aurait pu être bon d'aller dans l'intérieur de l'île de Raiatea qui paraît-il renferme de belles rivières, et donc cascades. Maintenant un vol m'attend pour Huahine qui sera la dernière île que je vais visiter avant de regagner Tahiti.

Tahaa

Je continue ma tournée des îles de la Société en prenant un bateau vers Tahaa, connue pour produire la, ou du moins une des meilleures vanilles du Monde. L'endroit où je vais rester ne propose pas de navette depuis le port et en arrivant il n'y a ni bus ni taxi, je suis vraiment sur une île authentique et plus isolée que les autres que j'ai pu traverser jusqu'ici. Heureusement je peux compter sur la gentillesse des polynésiens, et particulièrement celle des habitants de cette petite île. Je suis d'abord déposé au centre du village par une femme qui travaille dans une ferme perlière, puis de  je suis pris en stop par un natif de Tahaa pure souche, avec des bras comme mes cuisses, qui dépasse même son village pour me déposer juste devant la porte de ma pension !

Je me trouve juste en face de Bora Bora que je peux voir depuis la plage :



Mais je suis surtout face au plus beau jardin de corail de Polynésie. J'y vais donc en kayak avec mon masque et mon tuba sous le bras. Le but est de poser le kayak sur la plage d'un motu proche du jardin, la remonter à pieds, puis se laisser porter par le courant au-dessus du corail, pas besoin de nager, c'est quand même royal. Le kayak restant sans surveillance à ce moment là, je n'ai pas pris le risque de prendre mon appareil photo. Le spectacle est dingue, dans un espace très réduit et surtout sans avoir besoin de bouteilles, on peut voir une variété de poissons hallucinante ! Il en est de même pour la flore aux couleurs extraordinaires. Par contre c'est très peu profond et quand on ne connaît pas le chemin à emprunter c'est compliqué d'esquiver les coraux...mais on y arrive. C'est pour cela qu'il existe une excursion encadrée par un guide qui connaît parfaitement le jardin. J'ai adoré me perdre dedans et j'ai fait la boucle trois fois de suite...un régal. Au retour le vent s'est un peu levé, le coup de pagaie était un peu plus physique.

Je ne pouvais pas passer en Polynésie française sans aller visiter une ferme perlière et les fameuses perles noires. Cette fois je m'y rends à coups de pédales, décidément, j'étais venu pour me poser un peu après tous ces kilomètres engrangés depuis l'Australie et la Nouvelle Zélande, et finalement je n'arrête pas une seule seconde...on n'imagine pas la chance qu'on a d'être assis tranquille derrière un bureau.


Je pose à peine le pied là-bas que quelqu'un m'interpelle par mon prénom. Comme à Bora, je gonfle un peu le torse devant un groupe d'américains venu faire la visite, car je connais du Monde même ici, je ne suis pas n'importe qui. En fait il s'agit de la femme qui m'a amené du port jusqu'au village le premier jour. Elle travaille ici et me réserve un super accueil.

La personne qui me fait faire la visite m'explique d'abord comment la teinte de la perle est choisie. Un morceau du manteau d'une huître (l'intérieur de la coquille) est sélectionné pour sa couleur et servira de greffon. C'est donc l'homme qui fait ce choix. Par contre, la forme quant à elle (sphérique, cerclée, en goutte, etc) dépend uniquement de l'huître elle-même, la main de l'homme ne peut pas l'influencer. C'est donc un peu le hasard.



J'ai beaucoup de chance, ce jour là une greffeuse est présente.


Elle incise d'abord la gonade, c'est l'organe sexuel de l'huître. Puis elle y insère le greffon et le nucléus. Ce dernier est en fait une bille fabriquée à base de coquille de moule du Mississipi. Il vient remplacer le grain de sable qui est normalement la base de la perle naturelle. De la betadine est utilisée pour une meilleure cicatrisation. C'est un vrai travail chirurgical. La greffeuse ne peut pas trop ouvrir l'huître sinon elle risque de sectionner son muscle et de la tuer.


Une fois l'huître refermée, elle va créer une couche de nacre autour du nucléus à base du greffon, d'où le choix de la couleur.

Les huîtres sont ensuite refermées puis attachées entre elles.


Tous les trois mois, les huîtres sont ramenées ici pour être nettoyées car le plancton s'amasse dessus et risque de les asphyxier. Elles sont ensuite ramenées proche du récif où il fait plus frais, pour y être plongées à six mètres de profondeur (en apnée).


Voici la plus grosse perle jamais produite ici :


L'épaisseur minimum de la nacre doit être de huit dixièmes de millimètre. En-dessous c'est interdit à la vente, et d'ailleurs, avec une épaisseur trop faible, la sueur suffit à détériorer la couche de nacre. La première fois, l'huître met 18 mois à produire une perle, les fois suivantes elle mettra 12 mois. Les perles blanches de Chine quant à elles peuvent être produites par trente en même temps, par la même huître.

Une visite très intéressante sur quelque chose que je ne connaissais finalement pas du tout. Je ne verrai plus les colliers de perles de la même manière.

Je reprends mon vélo pour cette fois me rendre à l'autre bout de l'île (parce que si cela avait été trop près ça n'aurait pas été drôle) et visiter la Maison de la Vanille. La route est assez jolie mais par contre il y a des côtes et j'ai un vélo à une seule vitesse avec un petit panier devant (et bien entendu il est rose). Je suis obligé de descendre du vélo pour monter, il n'y aura d'ailleurs aucune photo de ces moments dans mon blog, je ne veux pas laisser de preuves.


J'arrive, non sans efforts, à la vanilleraie.


Je suis reçu par un monsieur relativement âgé, complètement anéanti par la chaleur. Il me fait sa visite au ralenti, même ses mots étaient ralentis, au moins j'ai eu le temps d'intégrer tout ce qu'il me disait, à savoir que la vanille pousse sur une liane :


La fleur est pollenisée manuellement, on appelle ça le mariage. Malheureusement au moment de la visite il n'y avait plus de fleurs, on est en fin de production. Puis il faudra attendre neufs mois pour avoir les premieres gousses.


Les gousses de vanille, vertes, ainsi récupérées sont déposées sur ces grands panneaux en tôle pour sécher au Soleil à raison de 5h par jour :


Le reste du temps elles sont mises au sauna, un container qui les déshydrate. Après cette phase on finit le séchage à l'air libre sur ces étagères :


C'est à la fin de ce processus qu'elles obtiennent leur couleur noire. Vient ensuite l'étape du tri. D'abord on dissocie les belles gousses (en haut sur la photo) qui serviront pour les pâtisseries, destinées à l'Europe, des gousses moches (en bas sur la photo) qui serviront pour les produits cosmétiques, et partiront pour les Etats-Unis.


Le second tri concerne la taille de la gousse. Celles de 14cm iront en Allemagne, celles entre 15 et 20cm iront en France et ainsi de suite selon les exigences des différents pays.


Encore une visite instructive. Autant j'étais reparti sans perle de la ferme, autant cette fois je n'ai pas pu résister à l'odeur de cette vanille, qui, du coup, va parfumer mon sac pour le reste de mon voyage.

Je reprends ma route sous un Soleil de plomb. Dès que j'ai trop chaud je pique une tête dans une eau turquoise à deux mètres de mon chemin, quoi demander de plus.


Je ferai également une halte chez Philo, une métropolitaine installée ici depuis une vingtaine d'année et qui fait d'excellentes crêpes !

Le reste de mon parcours est toujours très joli :


Le soir je repense à tout ça devant le Soleil qui se couche sur les bungalows à pilotis :


Mon séjour à Tahaa aura été relativement court mais je suis content d'être passé sur cette île qui a beaucoup à offrir. Je me souviendrai particulièrement du jardin de corail qui est la plus belle sortie en snorkeling que j'ai pu faire jusqu'à présent mais c'est surtout la gentillesse des gens qui m'a le plus marqué ici.

jeudi 20 octobre 2016

Bora Bora

Bora Bora, je n'en reviens pas d'être en train d'écrire un article de mon blog sur cette île mythique, probablement l'image que l'on se fait de l'île paradisiaque. C'est déjà l'avant dernier point majeur de mon voyage, avant l'Ile de Pâques. C'est aussi pour moi la première île sous le vent que je visite. Pour avoir une idée de l'étendue de tous ces archipels, si Papeete était Paris, alors les îles de la Société s'étendraient jusqu'à l'extrême ouest de la Normandie, l'archipel des Australes serait dans les Pyrénées, l'archipel des Gambiers serait en Grèce, et l'archipel des Marquises serait en Suède, autrement dit, pratiquement la taille de l'Europe.

Je prends donc un avion depuis Moorea, et par chance je me trouve du bon côté pour voir Bora Bora avant notre atterrissage.


Bora Bora a la particularité de ne posséder qu'une seule passe, c'est-à-dire une seule ouverture dans son lagon, ce qui explique en grosse partie sa beauté car le sable et le corail s'accumulent, créant des fonds peu profonds et donc des couleurs extraordianaires.


La vue depuis l'aéroport est sans aucun doute une des plus jolies, en arrivant c'est la claque ! Ce dernier a été construit sur un motu, en dehors de l'île.


Par conséquent, une navette nous amène sur l'île et nous permet de traverser le lagon, quelle entrée en matière ! (Je précise qu'aucune de ces photos n'a été retouchée...si si).


Je n'ai jamais vu une eau de cette couleur, on pourrait croire qu'ils ont mis un liner de piscine.


Nous passons devant les fameux bungalows sur pilotis, principalement dédiés aux couples en voyage de noce j'imagine. Les différences de profondeurs créent de jolis dégradés de bleus. J'ai l'impression d'être dans un tableau.


Je loge sur l'île, comme très très peu de touristes finalement puisque les plus grands hôtels se trouvent sur les motus qui entourent l'île. Quelques uns ont quand même été installés au sud, proche de la plus belle plage. Je suis accueilli par Hinano, et toute sa famille, qui habite une maison très modeste mais bien tenue. Je suis content de vivre cette experience comme cela, j'échappe au côté superficiel dont beaucoup se plaignent mais que je n'aurai pas l'occasion de voir.

Comme j'arrive en début d'après-midi, je file à la plage de Matira au sud, censée être la plus belle de l'île. En fait je me rendrai compte plus tard qu'il s'agit surtout de la seule. Pour m'y rendre je fais du stop, très pratiqué en Polynésie, les gens sont tellement gentils qu'il n'y pas besoin d'attendre très longtemps. C'est également pour moi l'occasion de discuter avec les locaux et essayer d'en apprendre plus sur la vie dans les îles, une vie si particulière. Et cette fois c'est Jacques qui me dépose. La plage est somptueuse, du sable blanc, des cocotiers, une eau transparente, et une température parfaite...et dire que je pourrais être assis derrière un bureau...


Le soir je dîne aux roulottes. Ici il y en a sur toutes les îles, c'est à chaque fois le même principe. Les portions sont énormes, il y a à manger pour deux personnes, je repense à la sensation de faim que j'avais après chaque dîner ou déjeuner en asie avec leurs petites assiettes, ici je suis ravis. Et en même temps c'est plutôt comprehensible car on pourrait mettre trois asiatiques dans le pantalon d'un tahitien. Je suis le seul Popa'a ici, à savoir le seul touriste et le seul blanc. Le mot Popa'a signifie "brûlé" en référence aux premiers colons qui arrivèrent sur les îles avec la peau brûlée par le Soleil.

Le lendemain je loue un vélo et pars pour le tour de l'île. Je vais avoir l'occasion de contempler le Mont Otemanu, culminant à plus de 700m, sous ses différents angles.


Bora Bora fait partie des volcans entre deux phases, plus vieux que les îles n'ayant aucun lagon, et plus jeune que les atolls n'ayant plus d'île (seulement un cercle de motu). Le volcan, éteint depuis longtemps, entame donc sa lente descente vers les fonds, et dans quelques millions d'années il n'en restera plus qu'un magnifique lagon de sable corallien. J'espère être encore là à ce moment là pour revendre mes photos qui vaudront de l'or.

Voici les rares exceptions, l'Intercontinetal, qui, en plus d'avoir un hôtel sur les motus, a également un hôtel sur l'île.


Comme je pouvais l'imaginer, tout l'intérêt de faire le tour à vélo réside dans le fait de pouvoir voir le sommet de différents endroits.



Voici un aperçu de la route que j'emprunte, c'est magique.


Finalement le tour ne m'aura pris que 2h30 en roulant tranquillement, ce qui me laisse le temps de monter un peu dans les hauteurs, mais pas très loin car ici sans guide c'est compliqué, rien n'est balisé et la végétation a pris ses aises. Il n'y a franchement pas grand chose à voir et à faire si ce n'est de découvrir que loin des hôtels cinq étoiles, la vie est relativement précaire. Les maisons sont vieilles et peu entretenues. Tout l'intérêt de Bora est de profiter du lagon. Je repasse rapidement par la plage et là j'entends quelqu'un qui m'appelle de loin. C'était Hinano avec ses enfants, sur le moment j'avais l'impression d'être connu, l'impression de connaître tout le monde sur l'île...enfin une seule personne finalement.

En marchant quelques mètres depuis ma chambre je peux observer le coucher de Soleil, à droite, hors du cadre, je vois même Maupiti.


Le lendemain je contacte Nono pour m'intégrer à un petit groupe avec lequel je vais faire le tour de l'île en pirogue à balancier (typiquement polynésienne) sur la journée entière. Voici la bête, nous ne seront que six personnes plus deux guides, génial !


Cette fois je vais pouvoir prendre un peu de recul. Depuis la pointe sud, le niveau de l'eau est si bas qu'il est possible de rejoindre la barrière de corail à pieds sur environ un kilomètre, après ça tombe à pic.


Et comme sur toutes les îles de la Société, il est possible d'aller voir mes copains les requins :


Et les raies :


Comme sur Moorea les requins restent méfiants, par contre les raies, quelle plaie ! Elles sont collantes c'est incroyable ! Elles sont tout le temps dans nos pattes, ou en train d'essayer de nous monter dessus, j'ai tout de suite fait le parallèle avec les pigeons de la Place Saint Marc à Venise. C'est compliqué de s'en débarrasser, du coup avec un autre on attendait qu'elles se collent aux autres de notre groupe pour filer voir les requins tranquilles un peu plus loin. Cette fois encore je me suis arrangé avec quelqu'un pour récupérer les photos prises sous l'eau. Malheureusement elles me seront envoyées deux semaines après mon retour. Je les attendrai avec impatience car en reprenant le bateau nous avons vu une raie Manta, beaucoup plus grande que les raies pastenagues, à environ six mètres de profondeur. On a tout de suite sauté avec les masques pour aller la voir, c'etait somptueux ! Ses mouvements de nageoires étaient très lents, on aurait dit des battements d'ailes, majestueux ! Encore une très belle rencontre. J'ai eu du mal à repartir.

Nous continuons notre petit tour...


...en longeant les motus tous plus beaux les uns que les autres.


En traversant un passage un peu plus profond, proche de la passe, des dauphins se joignent à nous, un banc entier.



Il paraît qu'à cet endroit une baleine était rentré dans le lagon, ça doit faire un drôle d'effet.

Le sommet prend maintenant une autre forme, selon le point de vue on pourrait chaque fois croire à une île différente.


A priori ce jour là je voulais passer incognito :


Le guide tahitien qui est avec nous nous fait partager son vécu sur l'île, et ne manque pas également de nous donner tous les noms des hôtels devant lesquels nous passons. Selon lui les chambres vont de 1'000 euros la nuit, à 14'000 euros pour une suite. Moi à ce prix là je ne ferme pas l'œil de la nuit, j'allume tout à l'intérieur, je prends des photos de tout, je regarde toutes les chaînes de télé proposées, je prends cinq bains à remous et six douches à jets massants, et je lis un livre dans chaque fauteuil de la suite.


Puis l'heure du déjeuner arrive et nous nous rapprochons de l'endroit où nous allons faire notre pause.


Sur un motu, parfaitement face à l'île. Voici la plage qui nous attend, rien que pour nous :


Les deux guides nous ont préparés un super repas à base de poisson cuit et cru mariné, de taro, de manioc, de pain au coco, d'ananas et de banane caramélisée. C'était délicieux. En plus on mange tout ça avec les mains dans une assiette qui n'est ni plus ni moins qu'une feuille posé sur des tiges tressées.


Pendant que nous mangeons, un des guides nous joue du ukulele...enfin je pense car dans ses mains, même un violoncelle passerait pour un ukulele.


Une fois bien rassasié nous avons tout notre temps pour profiter de la plage et du lagon. C'est sans aucun doute le plus beau paysage de mer qu'il m'a été donné de voir. 



Après cette magnifique pause nous repartons pour finir notre tour. Nous nous arrêtons une nouvelle fois pour mettre les masques et les tubas et profiter du jardin de corail qui s'avère être très joli. A un moment je vois un petit attroupement, je vais donc voir, et là je vois une énorme murène ! Elle n'avait pas l'air commode, un des guides s'amusait à l'approcher...ça ne m'a pas fait rire. C'est drôle comme le nombre de dents d'un animal peut influencer le sens de l'humour. Le plus beau jardin de corail de Polynésie se trouve à priori sur l'île de Tahaa où je me rends plus tard. Encore une fois je devrais récupérer quelques photos fin novembre.

En repartant nous passons devant un motu entouré d'une eau d'un autre bleu, encore different des autres dégradés précédemment observés.


Notre tour se termine et je comprends maintenant pourquoi cette île est tant prisée. Elle est magnifique, particulièrement son lagon unique au Monde. J'ai été ravi de découvrir également l'envers du décor en logeant dans cette famille. Il est bon de savoir que derrière les paysages de rêve et les grands hôtels   il y a aussi des gens qui luttent pour trouver un peu de travail et faire vivre leur famille...mais toujours avec le sourire. Ces polynésiens sont décidément des gens très accueillants avec lesquels tout est très simple. Je me souviendrai de mon passage ici pendant longtemps, et au même titre que le Taj Mahal, l'Everest, la Muraille de Chine, l'Opera de Sydney et autres, cette photo symbolisera pour moi la réussite de ce voyage :