vendredi 28 octobre 2016

Huahine

Cette fois, en arrivant à Huahine, quelqu'un vient me chercher. Comme d'habitude, à l'aéroport je vois plein d'énormes pick-up. Ici et comme sur toutes les autres îles, les gens ne sont pas particulièrement riches mais ils ont de grosses et belles voitures, en tout cas pour certains d'entre eux. Trois raisons à cela, d'abord certaines familles ont largement profité des années du "nucléaire", lorsque la France faisait ses essais dans le pacifique, créant de l'emploi et versant surtout de grosses sommes aux politiques polynésiens. Une autre explication est que d'autres familles sont propriétaires de leur terrain et de leur maison depuis des générations, ils mettent alors tout leur argent dans la voiture. Et enfin la dernière explication veut que les polynésiens achètent presque tout à crédit, la voiture ne déroge donc pas à la règle.

J'arrive tout au sud de l'île dans ma pension, ma chambre est à cinq mètres de la plage. Là-bas je rencontre Luca et Laura, deux français qui font le tour du Monde, je les retrouverai sur l'Ile de Pâques.


Huahine est quand même plus sauvage que ses voisines, le petit village principal se trouve tout au nord et je me trouve tout au sud, je suis donc plutôt isolé mais ce n'est pas plus mal car finalement depuis un moment je bouge énormément, sauf une journée sur Raiatea, je vais donc en profiter pour me poser un peu. En plus la plage qui jouxte ma pension est très belle :



Il y a même un Mare (une sorte de temple polynésien) juste à côté. Au final ce ne sont que quelques pierres entassées proprement :



J'ai donc bien profité de cette belle plage et dès que le Soleil est un peu tombé, la chaleur avec, je me suis rendu sur un motu relativement proche en kayak. Je crois que ça aura été mon activité phare durant mon passage en Polynésie.


Le côté du motu que je vois est déjà exceptionnel...


...je pousse un peu pour aller voir de l'autre côté, et là c'est la belle surprise, la plage est somptueuse, et avec le Soleil rasant de fin journée c'est encore mieux.



Je pose le kayak pour aller marcher un peu.


Il y a des trous de crabes partout sur la plage, en Polynésie ils vont même dans les jardins, ils posent les mêmes problèmes que les taupes chez nous.



J'ai passé un peu de temps sur ce magnifique motu, puis je suis reparti avant de devoir laisser une jambe aux moustiques.

Le lendemain je pars pour une plongée avec bouteille. Je suis tout seul avec le monit qui doit avoir mon âge, c'était très sympa. Il m'a emmené dans une "passe", une ouverture par laquelle l'eau de la mer entre dans le lagon. Il y a donc beaucoup de corail et surtout beaucoup de poissons. A mon niveau je suis limité à 12m de profondeur, les bancs de gros requins quant à eux sont plutôt à 25m donc je ne les verrai pas. Par contre je me suis régalé sur le reste. Et comme je consomme peu d'oxygène on a pu plonger pendant près d'une heure, au lieu de quarante minutes normalement prévues. J'ai pu constater qu'une fois qu'on s'écarte du récif corallien, le relief tombe d'un seul coup, parfois de 2'000m ! En passant au-dessus on a l'impression de voler au-dessus du vide. Encore une fois un vrai régal. J'ai surtout découvert que le requin est loin d'être le principal danger de l'océan. En effet, durant la plongée le monit m'a tiré violemment le bras...j'étais en tain de me faire charger par un Baliste Titan ! C'est un gros poisson de 70cm voire plus, trapu et surtout territorial. Il charge tout ce qui bouge même si ça fait dix fois sa taille. Il a recommencé à me charger, on est vite parti. C'est un poisson vraiment dangereux pour les plongeurs, il peut arracher un doigt sans effort (je pense que ça marche également avec ma fesse gauche qu'il avait l'air de viser). Un peu plus loin Cyril (le moniteur) me montre un Bernard-l'hermite tout petit, s'il vous pique vous êtes mort en quelques minutes. Et enfin, un autre être vivant de la famille de l'étoile de mer, si vous vous piquez dessus, vous pouvez envisager de vous faire amputer ce qui se trouve autour de la piqûre...sympathique. Sans oublier les poissons pierres, les méduses, les murènes, etc. C'était donc très intéressant de comprendre le milieu sous-marin et de voir que le danger ne vient clairement pas d'où on l'attend le plus. Moi je me croyais encore dans le Monde de Némo.

De retour de ma plongée je suis un peu "fiu". Cette expression est utilisée par les polynésiens pour dire qu'ils ont la flemme, ou juste pas envie. Il arrive souvent qu'un employé d'une société soit fiu le matin, du coup il ne vient pas travailler. Les français de métropole ont beaucoup de problèmes avec ça, il y a un gros taux d'absentéisme en entreprise. J'ai donc pu lire, dormir, me reposer, faire la sieste, faire une pause, somnoler, puis me baigner avant de fermer les yeux, pour finalement finir par m'endormir.

Le dernier soir j'ai voulu aller immortaliser les belles couleurs que je voyais chaque jour avant le coucher du Soleil.


Je marche le long de la côte avec Tapu, le chien de seulement sept mois de la pension qui me suit partout. Pour les chiens je dois avoir une grosse pancarte sur le front où il est écrit "Je veux être ton copain" car ça m'arrive souvent.


La roche est très abrasive, je ne sais pas comment il fait avec ses coussinets. Le Soleil tombe peu à peu...


...pour passer derrière les hauts palmiers :


Un passage à Huahine très reposant mais également très beau. La pension dans laquelle j'étais devait être la plus spartiate de mon séjour et pourtant je m'y suis très bien senti. La plongée me laissera un grand souvenir.

Après cela j'ai de nouveau pris un avion qui m'a ramené sur l'île de Tahiti où je retrouve Lucas et Laura. Nous avons le même vol pour l'île de Pâques donc nous prévoyons de passer les quatre prochains jours ensemble. Mon séjour en Polynésie se termine, malheureusement juste avant la grande course de pirogues durant laquelle les participants relient les îles de la Société à coups de rames. Cette course fait venir beaucoup d'équipes, y compris depuis Hawaï, et peut-être même depuis l'île de Pâques. Une grande fête. Les balades à vélo et en kayak vont clairement me manquer. Ces îles sont les plus belles que j'ai vues, regroupant de belles montagnes luxuriantes, des lagons aux couleurs surréalistes, des plages blanches (ou noires) bordées d'immenses cocotiers, un grand large saturé de poissons, et des gens d'une gentillesse encore jamais rencontrée, sauf peut-être en Birmanie...et encore. Contrairement à l'idée qu'on s'en fait, la Polynésie n'est pas seulement une destination de lune de miel. La parcourir avec le sac-à-dos permet d'en voir un autre visage, j'y ai compris beaucoup de choses sur la vie dans les îles, et surtout j'ai pu avoir des retours d'expériences multiples, des jeunes français fraîchement installés, aux locaux nés ici, en passant par une famille métissée. La Polynésie française est un peu une prison dorée, tout est magnifique, mais tout est compliqué. Rien que pour accoucher, les femmes qui ne se trouvent ni sur Raiatea ni sur Tahiti (où se trouvent les maternités), doivent se rendre à la maternité un mois avant le terme, et y rester. Le moindre voyage dans un autre pays est long et cher, les pièces pour réparer les véhicules ne sont pas toujours disponibles, etc. Sans parler de l'aspect culturel parfois un peu limité en comparaison avec une ville européenne de taille moyenne. Il faut donc bien s'organiser et surtout bien réfléchir avant de tout plaquer pour venir s'installer ici, comme beaucoup de métropolitains le font.

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