samedi 10 septembre 2016

La vie en Campervan

Me voilà à Sydney et après plusieurs semaines passées en van "Hippie Camper" je me dois d'écrire quelque chose sur ce qu'est la vie à bord. Voici donc selon moi les différentes choses à expliquer.

LE VAN - HIPPIE CAMPER
Pas de bol, il y avait deux modèles de van, un "old school" assez sympa, et celui de Scooby Doo avec des fleurs violettes qui vous fait passer pour un gros fumeur de joins, j'ai donc hérité du dernier.



C'est plutôt très gros, très encombrant, et très bruyant mais à l'intérieur c'est très spacieux.


Voici le poste de pilotage où j'ai quand même passé de très nombreuses heures. Le van est très vieux et a déjà 368'000 km lorsque je le récupère. Je lui en ajouterai 6'000 km ! Encore une fois c'est très vieux mais finalement je m'en fiche, le tout c'est que ça roule, et de ce côté là je n'ai eu aucun problème. Par contre, pas la peine de se la jouer Alin Prost, à 110km/h on a l'impression que le van va soit décoller...soit exploser. Et puis avec cette prise au vent ça tangue très vite, du coup je roule entre 80km/h et 100km/h quand je décrète que c'est la fête. C'est moi ce boulet sur la route qui créé les embouteillages. Combien de fois j'ai vu des files de voitures dans mon rétroviseur. Lorsque les gens finissaient par me dépasser je fixais un point au loin pour ne pas croiser leur regard plein de haine. Je me souviens quand même de cette fois là, c'était incroyable et un peu fou à la fois...j'ai doublé quelqu'un. Petite précision : la fenêtre conducteur ne ferme plus lorsqu'on roule à plus de 50km/h, bien que mécanique, avec le vent elle ne se met plus dans l'alignement, il faut anticiper parce que dès qu'il pleut il faut s'arrêter pour fermer, très pratique. Le côté passager me sert d'etendeur, la serviette sur le siège et la combinaison de surf au pied. À part ça pas de gros soucis avec la conduite à gauche qui vient assez vite (en tout cas mieux qu'en Afrique du Sud où j'étais parfois pas loin de faire des petites spéciales).


Quelques mots sur la radio tout de même car je ne peux pas laisser passer ça. Il s'agit selon moi, de très très très loin, de la pire radio qu'il ne m'a jamais était donné d'écouter. C'est simple, en presque deux mois je n'ai pas entendu une seule bonne station, et le problème c'est que je n'ai pas le choix puisque je ne peux pas brancher ma musique. C'est soit un vieux groupe qu'on apprécie mais la mauvaise chanson, genre un vieux U2 mais la face Y de la cassette, soit un truc récent mais celui dont aucune autre radio n'a voulu tout simplement parce que c'était complètement nul, soit un truc local et alors là attention, c'est country, faux hard-rock genre Nickelback mais qu'on n'a pas percé, ou alors électro mais le gars a trébuché sur la console au moment de l'enregistrement. Non honnêtement je leur en ai voulu (sérieusement en plus), parce qu'avec tous ces kilomètres ils ne m'ont rendu la tâche facile.

Puis nous arrivons dans la pièce à vivre qui fait donc office d'entrée, salle à manger, salon, chambre, salon télé. En mode salle à manger c'est très sympa, la table est assez grande et la banquette est en L donc très grande pour une seule personne. En-dessous des banquettes il y a la place pour les affaires et le vaisselier. Normalement le jeu consiste chaque soir et chaque matin à démonter ou monter la table pour laisser place à un immense lit. C'est tellement pénible que j'ai fait ça trois fois et j'ai fini par tout le temps laisser la table avec les banquettes vu qu'un lit simple me suffisait. Puis de petits rideaux bien isolants se rabattent pour être totalement dans le noir.


Et enfin, la cuisine à l'arrière. A noter qu'il s'agit d'une cuisine "américaine" donnant sur le séjour. Le frigo est plutôt grand mais il est sur batterie donc il faut soit rouler soit le brancher dans un camping, il faut anticiper. Le lavabo ne sert absolument à rien puisqu'il faut pomper d'une main donc pour faire la vaisselle à deux mains, à moins d'être vif comme l'éclair, et de toute façon il y a des points d'eau partout ici. En plus la réserve n'est pas très grande. Quelques rangements supplémentaires permettent de ranger encore un peu de nourriture ainsi que la gazinière très pratique. Par contre, encore une fois il faut s'organiser car lorsque l'on cuisine à l'arrière, la fumée rentre dans le van dans lequel il y a un détecteur de fumée, malin. Je l'ai déclenché un paquet de fois, devenant l'attraction de l'endroit où je me trouvais ! Finalement, qu'un autre moment de solitude parmi tant d'autres.


On n'imagine pas le nombre d'heures que j'ai passé derrière ce van en regardant l'eau chauffer dans la casserole, dans le noir avec la lampe frontale pour ne pas attirer les moustiques à l'intérieur, parfois sous la pluie et parfois dans le froid, en me disant : "Si jamais je renverse cette casserole et que je dois tout recommencer...ma vie est foutue". Oui car ici il fait nuit noire à 18h, et à ce moment il ne se passe plus rien nul part. Je n'aimais vraiment pas ce moment. Ce qui m'amène à parler des repas.

LES REPAS
Les repas sont une des principales préoccupations de la journée. En Australie il y a des tables absolument partout. La plupart du temps abritées, parfois en bord de route, mais parfois au bord de la mer, en haut d'une colline ou dans la forêt. Voici à quoi ressemblent presque tous ces spots :


Étant sur la côte Est, c'est le lever de Soleil que l'on peut observer sur l'océan. Du coup, je ne compte plus les fois où j'ai pris mon petit-déjeuner face à la mer avec un Soleil qui commence petit à petit à chauffer. J'ai pris les plus beaux petit-déjeuners de ma vie, chaque fois différents.


Et très souvent, à côté des ces tables, on trouve un barbecue, en général gratuit mais parfois il faut mettre un petite pièce.


Je ne m'en suis jamais servi car j'avais une petite gazinière mais j'étais étonné de voir le nombre d'australiens qui viennent en famille le week-end se faire un petit barbecue avec les copains. Globalement ils étaient très proprent mais je suis parfois tombé sur des surprises.


D'ailleurs, ayant tout mon matériel, il faut chaque fois se débrouiller pour garer le van proche de la table car quand je décide de manger quelque chose je débarque avec ma cuisine entière : couverts, casserole, poêle, gazinière, et surtout huile, vinaigre, nourritures, et tout ce qu'il faut pour faire la vaisselle ensuite. Combien d'aller-retours j'ai dû faire ! Bon, après quelques jours on devient super organisé, on ne voyage plus les mains vides et on adopte le système des Poupées Russes, à savoir les couverts dans le plastique avec la nourriture, lui-même dans l'assiette creuse, elle-même dans la casserole, elle-même dans la poêle.


Parfois les gens me regardaient bizarrement comme par exemple lorsque j'étais tranquillement en train d'attendre pendant la cuisson d'un poisson fraîchement pêché par un gentil australien qui venait de me l'offrir. Ils devaient se demander : "Mais pourquoi il s'achète pas juste un sandwich ou lieu de se prendre pour Marc Veyrat ?".


Ou encore lorsque je coupais mes tomates dans un parc au milieu de gens qui jouaient au frisbee. Autre chose qu'il faut savoir, tout paraît relativement simple comme ça, mais le vent est très présent et empêche la gazinière de correctement chauffer la casserole, multipliant parfois par 10 le temps qu'il faut pour cuisiner. Bref, tout ceci peut parfois se transformer en une énorme galère, mais ça n'est rien comparé à la recherche du coin pour dormir.

LA NUIT
Voici la seconde principale préoccupation de la journée : "Ou vais-je dormir ?". En gros le choix est simple :

     - soit je trouve une auberge de jeunesse. Dans ce cas il faut pouvoir garer le van (ce que j'ai fait à Melbourne) ce qui est en général impossible. Sauf quelques fois, il est possible de garer le van sur le parking de l'auberge et de dormir dedans, on peut ainsi profiter des douches et de la cuisine. C'est ce que j'ai fait à Noosa et surtout à Brisbane en centre-ville.

     - soit je trouve un camping. Le problème c'est que c'est soit cher soit loin de la plage. C'est quand même ce que j'ai fait le plus souvent. Les campings sont relativement bien tenus et on y croise tout type de personnes, des soixantenaires qui font ça depuis toujours, aux roots qui y ont élu domicile à vie. Lorsque j'avais une très longue route je dormais parfois sur les "rest area" qui sont gratuites et qui permettent de se servir des toilettes d'une station service, parfois même des douches mais rarement bien entretenues. Et puis bon, partager un moment de qualité avec Dédé le routier qui vient faire sa toilette hebdomadaire, ça n'a pas de prix.

     - soit je trouve un coin discret. Ceci arrive lorsque j'arrive tard au point que je vise, ou lorsque je ne trouve tout simplement rien, ou lorsque l'endroit s'y prête bien. Il faut savoir que sur la plus grande partie de la côte c'est la chasse au camping sauvage et aux campervans. Je pense que certains ont dû abuser en laissant leurs ordures. Après ma première nuit à la sauvage j'ai eu le plaisir de découvrir un belle amende sur mon pare-brise le lendemain matin. J'ai finalement pu la faire sauter en envoyant un mail d'excuses. Les autres fois j'ai utilisé une application iPhone sur laquelle les gens mettent des commentaires pour dire si c'est risqué ou non. Je n'ai pas favorisé le camping de cette façon car je trouvais ça trop stressant d'abord de passer des heures à chercher un endroit puis de dormir avec la peur de se réveiller avec une amende (d'environ 160 euros). J'ai dû le faire cinq fois je pense.

Ce moment de recherche a été pour moi ce que j'ai le moins aimé. Par contre j'ai bien apprécié le soir, soit dîner et bière avec des gens rencontrés là-bas, soit tout simplement une petite soirée film ou série dans mon petit van tout fermé, un vrai cocon. 



Sinon, si je ne regarde pas de film ou que je ne lis pas, je m'occupe de mon blog, et pour ça il faut une connexion, là encore ça peut être une galère. En arrivant j'avais fait le choix de prendre une carte SIM locale pour avoir accès à Google Map ou tout simplement Internet pour prévoir mes excursions (ici les auberges et campings ne proposent pas de wifi). Le débit et le forfait étant très limités ça ne me permettait pas de charger toutes mes photos. Il me fallait donc trouver ceci :


Chaque fois que je vois une cabine comme celle-ci c'est une vraie décharge d'endorphine. Avec mon forfait j'ai un accès wifi à toute les bornes qui ont ce signe au-dessus. Du coup, chaque fois que j'en trouve une, je sais que je vais pouvoir charger mes photos et écrire un article sur mon blog. J'ai donc passé beaucoup de temps à la table de mon van, garé à côté d'un de ces points.


Finalement ces semaines passées en tant que nomade ont été une très bonne expérience (que je vais vivre à nouveau en Nouvelle Zélande). Il y a parfois de gros avantages comme celui d'être complètement libre et de pouvoir changer de plan quand on le souhaite, et il y a également quelques inconvénients comme la difficulté à trouver un bon endroit où dormir ou encore de devoir cuisiner dans des conditions parfois rocambolesques, sans parler des quelques nuits fraîches dans les montagnes. Je garderai de ce "road trip" un souvenir impérissable et positif. Je me suis rarement senti aussi libre. Je sais que j'ai parfois détesté ce van, sa musique, son mini réservoir, ses quelques fourmis, son sable partout, son isolation pourrie, tous ces trucs à déplacer pour dormir, etc, mais au final j'ai eu du mal à m'en séparer car c'est grâce à lui que j'ai pu vivre tout ces incroyables moments et j'ai adoré le conduire durant ces 6'000km. La prochaine fois ce sera en Nouvelle Zélande.

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